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au klondyke

Les malheureux étaient à terre depuis quinze jours, quand la neige se mit à tomber avec abondance, menaçant de bloquer la case.

Vernier fit aussitôt sortir ses hommes avec des pelles, pour déblayer la neige. Mais l’avalanche continuait si serrée, que l’ont dût bientôt renoncer à ce moyen.

Le capitaine laissa alors la neige s’entasser autour de la case, et lorsqu’elle eut atteint environ un mètre d’épaisseur, il fit pratiquer quelques ouvertures dans les cloisons et un jet de vapeur déblaya rapidement les alentours ; mais il fallut recommencer quelques heures après.

Soudain, un craquement sinistre se fit entendre. La bâche formant toiture était surchargée de neige et s’abaissait, menaçant d’entraîner la charpente dans sa chute.

— Tout le monde dehors ! cria Vernier… Qu’on prenne des perches et qu’on déblaie le toit.

Les matelots, malgré le froid terrible qui glaçait leurs membres, ne se firent pas répéter cet ordre et bientôt la neige vola dans l’espace, déchargeant la toiture de la case.

À peine fut-on dans l’intérieur, que l’on s’aperçut que deux hommes manquaient. Vernier sortit rapidement et trouva leurs cadavres, déjà raidis, à quelques pas de la porte…

Les deux pauvres matelots avaient succombé à une congestion cérébrale causée par le froid, et la neige, en tombant, les couvrait de son linceul.

Le capitaine rentra tristement, et quoique tous les regards fussent fixés sur lui pour l’interroger, il ne prononça pas une parole.