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au klondyke

— Monsieur le comte, dit le second d’un air sombre, quand le charbon sera épuisé, nous brûlerons le Caïman.

— Mais alors, nous sommes condamnés à demeurer ici ! s’écria le jeune homme avec terreur.

— À moins, dit Vernier, que nous puissions tenir jusqu’après le dégel ; dans ce cas, nous aurions la chance d’être aperçus d’un des rares navires qui passent dans ces parages… Ceci est ma réponse à ta seconde question, c’est-à-dire ce que nous pouvons espérer.

— Mais si le dégel arrivait plus tôt que tu ne le supposes ? …

— Ce n’est pas probable.

— Cependant, insista le comte, si cela arrivait, nous serions sauvés.

— Oui, si, d’ici là, la glace n’a pas endommagé la coque du Caïman.

— La glace, dis-tu ?… mais il n’y en a pas trace dans cette petite baie que nous avons si heureusement rencontrée.

— S’il n’y a pas de glace en ce moment dans la baie où nous sommes, c’est qu’elle est abritée de trois côtés par des rochers assez élevés. Attends seulement un jour ou deux, et tu verras. Peut-être même serons-nous forcés d’abandonner le navire et de nous réfugier à terre, car la compression de la glace pourra l’éventrer.

— Parles-tu sérieusement ? fit le comte, très inquiet.

— On ne peut plus sérieusement ; et la preuve, c’est que, dès demain, je ferai commencer la construction d’une baraque destinée à nous recevoir tous… Surtout, ajouta Vernier, pas un mot à l’équipage relativement au côté dé-