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impression, car il avait baissé les yeux et semblait fort embarrassé. En effet, n’était-ce pas son fatal entêtement qui avait conduit le Caïman où il se trouvait ? Oh ! cette soif des richesses, combien en ce moment il la maudissait ! … Au lieu d’être à Paris, dans son hôtel luxueux et confortable, ou dans son château bourguignon, il se trouvait dans les régions polaires, cerné de toutes parts par une ceinture de glace, dans une nuit profonde.

— Voyons, dit-il au bout d’un instant, explique-moi exactement ce que nous avons à craindre et à espérer.

— Soit, dit tranquillement Vernier, je vais d’abord répondre à ta première question, car il faut procéder par ordre, afin qu’il n’y ait point de malentendu.

— Que de préliminaires ! s’écria le comte avec une nuance d’impatience. Arrive au fait, je t’en prie !

— Du calme, mon ami, du calme, reprit le capitaine sans s’émouvoir.

— Ne vois-tu pas que je suis sur des charbons ardents ?

— Cet euphémisme est au moins exagéré, dit en riant Vernier, car il est en complet désaccord avec la température au milieu de laquelle nous grelottons.

— Veux-tu, oui ou non, répondre aux questions que je t’ai posées ? fit nerveusement le comte.

— Écoute-moi donc, et tu vas être renseigné.

— Parle, dit le comte en se renversant sur sa chaise.

— La nuit brumeuse dans laquelle nous vivons ne me permet pas de relever le point et, par conséquent, de savoir exactement où nous sommes, mais en tenant compte de la direction suivie et de la marche du Caïman, je ne crois pas me tromper en disant que nous nous trouvons à cin-