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le dernier des navailles

tion, coule entre des rives où l’or est à fleur de terre.

— Et les Canadiens l’ignorent ?

— Absolument.

— C’est incompréhensible !

— C’est, au contraire, très naturel : le Youkon est une solitude glacée que quelques tribus de Peaux-Rouges seules sillonnent, pour chasser les loutres, les castors, les martres et les renards blancs. Ces intrépides enfants des déserts osent seuls se risquer dans cette région où l’hiver, un hiver terrible, dure près de huit mois pendant lesquels le pays tout entier est plongé dans l’obscurité. Durant cette période, quatre heures par jour seulement, une sorte de crépuscule éclaire la contrée. Il est vrai que, en revanche, il y a quatre mois d’été, pendant lesquels les journées durent vingt-quatre heures.

— Et tu voudrais me proposer d’aller sur les bords du Klondyke, afin de refaire ma fortune ?

— Trouverais-tu la proposition mauvaise ?

— Non, si tout ce que tu viens de me dire est exact.

— Pourquoi te tromperais-je ?

— Loin de moi cette pensée ! mais ton chasseur canadien pourrait avoir exagéré.

— Crois-tu donc que j’ai accepté ses renseignements sans les contrôler ?

— Ainsi, tu es certain…

— Que des richesses incalculables reposent sur les bords du Klondyke, oui, mon ami.

— Quelle est la route à suivre pour s’y rendre ?

— Les rares voyageurs qui se rendent au Youkon, partent de Victoria, d’où ils remontent en bateau le canal de