Page:Ville - Au Klondyke, 1898.djvu/127

Cette page a été validée par deux contributeurs.
129
dans les glaces
 Les corrections sont expliquées en page de discussion

face plane d’une centaine de mètres, elle offrait le spectacle d’un amphithéâtre d’environ deux cents pieds, complètement recouvert de neige.

L’île était encore à deux bons kilomètres de distance, et Vernier, le premier moment de joie passé, avait été repris par ses craintes. En effet, la plaine de glace suivait toujours le Caïman, or, qu’adviendrait-il si l’on ne trouvait aucune baie pour s’y réfugier ?

Hélas ! ce n’était que trop facile à prévoir : le navire serait broyé entre la côte et la glace. Dans ce cas, en admettant que l’on pût échapper à la mort, comment subsisterait-on sur cette terre couverte de neige et où l’on n’apercevait aucune trace de végétation ?

Il se livrait à ces sombres réflexions, quand le lieutenant s’approcha de lui.

— Capitaine, dit-il vivement, je viens d’apercevoir devant nous une échancrure qui pourrait fort bien être une baie : voulez-vous que j’aille à la découverte ? car si je ne me trompe pas, il faudra sonder cet endroit.

Vernier jeta autour du Caïman un regard rapide : la plaine de glace était à un kilomètre en arrière, et l’île à trois cents mètres en avant.

— Allez, dit-il au lieutenant ; le navire suivra en avançant insensiblement, de manière à ne pas se briser sur des écueils qui pourraient se trouver à fleur d’eau.

Le second fit mettre un canot à la mer et y descendit avec six hommes armés de gaffes, car il était impossible d’employer les avirons au milieu des glaçons.

Le lieutenant, la sonde à la main, se tenait à l’avant. Chose étrange bien que l’île ne fût qu’à peu de distance,