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dans les glaces
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dont le culte brille d’un si vif éclat sur la terre bretonne.

La prière terminée, tous se relevèrent et jetèrent un regard scrutateur autour du navire.

À l’arrière, la plaine de glace suivait, à quelques centaines de mètres de distance ; à droite et à gauche, séparées du navire par un nombre infini de glaçons, se dressaient, menaçantes, deux chaînes de montagnes de glace : en avant, des glaçons en nombre incalculable, à travers lesquels le Caïman avançait lentement.

Comme la veille, la lueur blafarde qui était venue éclairer les ténèbres disparut au bout de quelques heures, et la projection électrique illumina seule l’obscurité qui environnait le navire comme un sombre linceul.

Brisé de fatigue, le capitaine Vernier laissa le commandement à son second et descendit dans sa cabine, afin de prendre quelques heures de repos.

Rassurés par le départ de leur chef, les matelots se rendirent dans l’entrepont pour se livrer, eux aussi, au sommeil. Seuls, quatre hommes restèrent sur le pont, pour le cas où leur présence serait utile au lieutenant.

La marche lente du navire à travers les glaçons continua sans incident. C’étaient toujours les mêmes chocs suivis des mêmes bruits sourds.

Conscient de la responsabilité qui lui incombait, le lieutenant ne cessait d’explorer les alentours du Caïman. Une crainte l’obsédait : à quelle distance se trouvaient maintenant la plaine et les montagnes de glace ? La projection électrique, bien que puissante, ne pouvait aller jusqu’à elles : aussi le pauvre second tremblait-il de les voir apparaître soudain dans le périmètre lumineux.