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un sauvetage émouvant

— Reste là-bas, répondit le Parisien, je vais aller te rejoindre.

— Mais qu’y a-t-il donc ?

— Je viens de repêcher le capitaine.

Le matelot achevait à peine, que Valentin déposait ses deux torches sur le sol et piquait une tête dans l’eau.

Loriot ne put retenir un cri d’effroi.

— Tu vas te noyer ! cria-t-il à son ami.

Ce fut au tour de Valentin à ne pas répondre. Il sentait maintenant tout le danger de sa situation et réservait ses forces, nageant lentement, mais méthodiquement et avec une vigueur dont on ne l’eût pas cru capable.

Le matelot, soutenant toujours le corps inanimé de Vernier, ne perdait pas de vue son ami, que la lueur des torches éclairait faiblement. La gorge serrée par une mortelle appréhension, il comptait mentalement ses brasses, respirant plus librement à mesure que diminuait la distance qui les séparait.

Valentin put enfin s’accrocher à son tour à une saillie du roc.

— Peux-tu soutenir le capitaine à ma place ? lui demanda alors le matelot.

— Parfaitement, répondit Valentin en saisissant Vernier par le bras.

— Tiens-toi bien et ne bouge pas, reprit Loriot, qui se mit alors à explorer la paroi qui baignait l’eau.

À deux mètres à peine de l’endroit où il avait laissé son ami, il découvrit une sorte de plate-forme étroite, mais suffisante pour que l’on pût s’y réfugier.