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au klondyke
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mais avec beaucoup de peine, car, outre qu’il était gêné par ses vêtements, il lui était très difficile de se maintenir à la surface de cette eau paisible.

En mer, aidé que l’on est par le mouvement des vagues, un bon nageur peut se maintenir à fleur d’eau pendant plusieurs heures, mais au fond d’un gouffre, c’est toute autre chose ; aussi le matelot fatiguait-il beaucoup.

Valentin le suivait d’un regard anxieux, redoutant que son ami ne fût pris dans un tourbillon, et se demandant toujours quel motif l’avait poussé à cet acte de témérité vraiment incompréhensible.

Mais Loriot le savait, lui. S’il ne répondait pas aux questions de Valentin, c’est qu’il jugeait inutile de se fatiguer à parler, ayant déjà une peine inouïe à se maintenir la tête hors de l’eau

S’il avait plongé si rapidement, c’est qu’il avait aperçu, de l’autre côté de la nappe d’eau, une masse sombre ressemblant fort à un corps.

À mesure qu’il avançait, la masse, qu’il voyait de plus en plus distinctement, ne lui laissait aucun doute sur sa nature. C’était bien le capitaine ; mais vivait-il encore ?… Cette interrogation redoublait l’énergie du matelot et décuplait ses forces.

Il atteignit enfin le point vers lequel il se dirigeait si péniblement. Il vit alors son capitaine immergé jusqu’à la poitrine, la tête renversée en arrière et une main crispée à la pointe d’un roc.

Loriot se cramponna d’une main à une saillie de la paroi rocheuse et, de l’autre, saisit Vernier par un bras

— Loriot ! cria alors Valentin, que fais-tu ?