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au klondyke

— Fais ce que tu voudras, lui répondit son ami ; quant à moi, je suis décidé à regarder venir les événements : si nous en sortons, tant mieux, si nous y restons, tant pis !

— Ainsi, dit tristement le capitaine, tu en es là !

— Eh ! mon ami, crois-tu donc que je puisse accepter froidement la ruine de toutes mes espérances ?

— C’est pourtant ce que tu aurais de mieux à faire… Qui t’a forcé d’entreprendre cette nouvelle expédition ?… Personne, n’est-ce pas ? Tu me rendras même la justice de reconnaître que je m’y suis opposé de toutes mes forces.

— Pas de récriminations, je t’en prie !

— Alors, sois homme et supporte courageusement une épreuve méritée.

— Tu es bien heureux de posséder une aussi robuste philosophie.

Cette conversation fut interrompue par des hurlements de joie. Les matelots venaient de retirer du feu les morceaux du renne cuits à point.

Vernier se dirigea vivement du côté des affamés.

— Mes enfants, leur dit-il, procédez avec ordre, je vous en prie, et que chacun ait sa part.

Et de la main il désigna les porteurs indigènes, qui se tenaient à l’écart et dont les yeux brillaient de convoitise.

— Que personne ne bouge, dit alors le Parisien. C’est moi qui ai tué ce renne, j’entends le distribuer à ma façon.

— C’est juste, dit un matelot, ce gibier appartient à Loriot, lui seul doit faire les parts.