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un sauvetage émouvant
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Tous trois se précipitèrent en avant et heurtèrent bientôt le corps inerte de l’animal.

— C’est une vraie chance ! s’écria Loriot. L’obscurité est si profonde que j’ai dû tirer au juger.

— C’est toi qui sauves la situation, lui dit Vernier. Mais ne perdons pas de temps et emportons ce renne, car nos camarades doivent attendre notre retour avec impatience.

Dépouiller l’animal, il n’y fallait pas songer. Outre que les ténèbres empêchaient de rien voir, la route à parcourir pour retourner au campement était longue. Vernier fit donc abattre des branches d’arbre et confectionner un brancard sur lequel Valentin et Loriot purent transporter le renne.

Quand ils revinrent avec le produit de leur chasse, les trois compagnons furent salués par des cris de joie frénétique, puis, riant et chantant, les malheureux affamés se mirent en devoir de préparer le repas, c’est-à-dire de découper le renne et d’installer les morceaux autour du brasier.

Devant ce secours inespéré, les courages s’étaient ranimés et l’insouciante gaieté qui forme le fond du caractère français avait subitement repris son essor. Les joyeux propos se croisaient ; les refrains du bord éclataient, montant dans l’air embrumé.

Après avoir visité les chaloupes, Vernier s’était aperçu que l’on pouvait aisément être contenu par trois, ce qui permettait de disposer encore de cinq.

— Nous camperons ici jusqu’à demain, dit-il au comte. D’ici là, nous retournerons dans la forêt, afin de nous procurer des provisions pour le reste de la route.