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le rythme du vers, c’est le vers qu’on supprime.

Une syllabe de trop dans un alexandrin ne choque t-elle par toute oreille un peu musicale, autant qu’une note fausse dans le corps d’une mélodie ? Par exemple, voici quelques vers pleins de charme, dus à Henry Bataille :


… Ne bouge pas, la lune a remué sur l’eau
Les feuilles mortes n’osent pas s’approcher d’elle..
Viens, ne fais de bruit, c’est l’heure des roseaux.
Nous tremperons nos doigts dans la lune fraîche et belle
Et nous la troublerons presque en soufflant dessus.
Elle voudrait peut-être aller à la dérive,
Vers les longs fleuves dont elle s’est souvenue…


Malheureusement pourquoi cette fâcheuse négligence au quatrième vers ; pourquoi cette syllabe intempestive qui vient troubler le rythme général et berceur ? Car il est presque toute la musique du vers, ce