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Mais est-il toujours possible d’arrêter la râpe des maréchaux ou de limiter son action au bord inférieur de la paroi ? Certainement non ; tout le monde sait bien qu’il est extrêmement difficile de soustraire un homme à ses habitudes quand il les a contractées depuis longtemps, et qu’il préfère pratiquer la routine plutôt que de prendre la peine de s’instruire.

L’homme peu instruit, souvent, ne se soucie guère de réfléchir aux moyens de perfectionner son art ; il néglige de le faire dans la crainte de perdre des moments, qu’il croit mieux utiliser, en les employant à une occupation manuelle ; de sorte qu’il sacrifie les avantages d’une pratique souvent raisonnée, à l’absurdité de celle léguée par ses prédécesseurs

L’ouvrier maréchal est ainsi fait, vous essayerez en vain de l’écarter de ce qu’on lui a enseigné dans les ateliers ; il s’est trop persuadé qu’on ne peut faire mieux que ce qu’on lui a appris. Cela ne prouve pas évidemment qu’on ne doive pas chercher à l’instruire, au contraire. On rencontre, en effet, bien qu’exceptionnellement sans doute, des maréchaux intelligents disposés à écouter attentivement les leçons qu’on leur fait ; en bien ! c’est chez eux qu’on doit chercher à verser la bonne graine, parce qu’ils en profiteront. Leurs succès pourraient ainsi décider les autres. Malheureusement, la plupart des ouvriers maréchaux sont ignorants et attachés à la routine, et si un homme, sans être tout-à-fait étranger aux règles de la maréchalerie, s’avise de leur montrer quelques défectuosités dans la pratique de leur art, ils se fâcheront, et ne l’écouteront point, serait-ce même le vétérinaire.

Ainsi, on leur a enseigné de râper la paroi pour que les pieds aient un aspect plus beau, plus agréable à l’œil, et ils la râperont toute leur vie, parce qu’ils ne se rendront pas