que chose de dolent à l’excès : elle n’est plus, comme dans Stello, une simple pâtissière. Au 2e acte, sa susceptibilité à l’égard de Chatterton, qu’on pourrait soupçonner d’un projet de séduction, se manifestait en quelques phrases que le poète a supprimées dans la bouche de Kitty :
Dans le rôle de Chatterton, quelques détails venaient d’abord aggraver la morbidesse congénitale du marvelous boy :
[P. 265.] (Au lieu de : Cependant on a su que ce livre était fait par moi :) Parmi ceux qui l’ont vue, quelques-uns ont prié devant, et ont passé outre ; beaucoup d’autres ont ri ; un grand nombre m’a injurié ; tous m’ont foulé aux pieds. Mais mon livre est couvert de gloire parce que j’y ai mis le nom d’un moine du… [Que faire ? J’ai tenté des travaux exacts et je] [Il fallait vivre] [J’ai tenté] On m’a parlé de travaux exacts je les ai [tentés, mais je n’ai pu les] abordés sans pouvoir les accomplir. Puissent les hommes [me] pardonner à Dieu de m’avoir ainsi créé !…
… Je suis né d’un homme [riche, d’habitudes molles et élégantes] affaibli par de longues années de guerre, je suis né d’une femme faible et mélancolique. — Le moindre poids écrase mes épaules. Le moindre travail rompt mes bras… [Je ne suis pas encore formé, ma tête seule est complète. Je grandissais encore il y a six mois, et quand je] Si je tourne une roue elle m’entraîne, si je [viens] presse un rabot il me déchire, si [je mets] j’appuie le pied sur une bêche elle me coupe.
Vigny, par un retour plus ou moins conscient sur lui-même, attribuait ainsi une condition manifestement très relevée à son héros. C’était Chatterton lui-même, à l’Université d’Oxford, qui avait vendu la jument Rébecca à lord Talbot. Ces jeunes seigneurs le traitaient avec la désinvolture de camarades émancipés à l’égard d’un « petit » resté en arrière. Aussi le Quaker (acte II, sc. v) insistait-il sur l’attrait exercé sur cet enfant par la pure Kitty : « Ta grâce maternelle a dû toucher celui qui n’est pas encore loin du berceau… Il te contemple comme une sœur divine, il te vénère comme une… »