n’entend pas les chants puérils des protestants. Je t’aime, parce que je devine que tout le monde te hait. Une âme contemplative est à charge à tous les désœuvrés remuants qui couvrent la terre : l’imagination et le recueillement sont deux maladies dont personne n’a pitié ! — Tu ne sais seulement pas les noms des ennemis secrets qui rôdent autour de toi ; mais j’en sais qui te haïssent d’autant plus qu’ils ne te connaissent pas.
Et cependant, n’ai-je pas quelque droit à l’amour de mes frères, moi qui travaille pour eux nuit et jour ; moi qui cherche avec tant de fatigues, dans les ruines nationales, quelques fleurs de poésie dont je puisse extraire un parfum durable ; moi qui veux ajouter une perle de plus à la couronne de l’Angleterre, et qui plonge dans tant de mers et de fleuves pour la chercher ?
Si vous saviez mes travaux !… J’ai fait de ma chambre la cellule d’un cloître, j’ai béni et sanctifié ma vie et ma pensée ; j’ai raccourci ma vue, et j’ai éteint devant mes yeux les lumières de notre âge ; j’ai fait mon cœur plus simple : je me suis appris le parler enfantin du vieux temps ; j’ai écrit, comme le roi Harold au duc Guillaume, en vers à demi saxons et francs ; et ensuite, cette Muse du dixième siècle, cette Muse religieuse, je l’ai placée dans une châsse comme une sainte. — Ils l’auraient brisée s’ils l’avaient crue faite de ma main : ils l’ont adorée comme l’œuvre d’un moine qui n’a jamais existé, et que j’ai nommé Rowley.