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Près du lit de mes mourants, les parents m’ont toujours importuné.

— Eh ! pourquoi cela ? dit Stello…

— Quand une maladie devient un peu longue, les parents jouent le plus médiocre rôle qui se puisse voir. Pendant les huit premiers jours, sentant la mort qui vient, ils pleurent et se tordent les bras ; les huit jours suivants, ils s’habituent à la mort de l’homme, calculent ses suites et spéculent sur elle ; les huit jours qui suivent, ils se disent à l’oreille : Les veilles nous tuent ; on prolonge ses souffrances ; il serait plus heureux pour tout le monde que cela finît. Et s’il reste encore quelques jours après, on me regarde de travers. Ma foi, j’aime mieux les gardes-malades ; elles tâtent bien, à la dérobée, les draps du lit, mais elles ne parlent pas.

— O noir Docteur ! soupira Stello, — d’une vérité toujours inexorable !…

— D’ailleurs, Gilbert avait maudit avec justice son père et sa mère, d’abord pour lui avoir