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l’assurance de voir mourir son père et sa mère ?

D’un monde où de deux êtres qui s’aiment et se donnent leur vie, il est certain que l’un perdra l’autre et le verra mourir ? »

Puis ces fantômes douloureux cesseront de parler et uniront leurs voix en chœur comme en un hymne sacré ; car la Raison parle, mais l’Amour chante.

Et vous entendrez encore ceci :

SUR LES HIRONDELLES

Voyez ce que font les hirondelles, oiseaux de passage aussi bien que nous. Elles disent aux hommes : Protégez-nous, mais ne nous touchez pas.

Et les hommes ont pour elles, comme pour nous, un respect superstitieux.

Les hirondelles choisissent leur asile dans le marbre d’un palais ou dans le chaume d’une cabane ; mais ni l’homme du palais ni l’homme de la cabane n’oseraient toucher à leur nid, parce qu’ils perdraient pour toujours l’oiseau qui porte bonheur à leur habitation, comme nous aux terres des peuples qui nous vénèrent.