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y est venue : elle sait ce qu’elle doit faire, et le Poète ne le sait pas d’avance. Ce n’est qu’au moment de l’inspiration qu’il l’apprend. — Sa mission est de produire des œuvres, et seulement lorsqu’il entend la voix secrète. Il doit l’attendre. Que nulle influence étrangère ne lui dicte ses paroles : elles seraient périssables. — Qu’il ne craigne pas l’inutilité de son œuvre : si elle est belle, elle sera utile par cela seul, puisqu’elle aura uni les hommes dans un sentiment commun d’adoration et de contemplation pour elle et la pensée qu’elle représente.

Le sentiment d’indignation que j’ai excité en vous a été trop vif, monsieur, pour me permettre de douter que vous n’ayez bien senti qu’il y a et qu’il y aura toujours antipathie entre l’homme du Pouvoir et l’homme de l’Art ; mais outre la raison d’envie et le prétexte d’utilité, ne reste-t-il encore pas une autre cause plus secrète à dévoiler ? Ne l’apercevez-vous pas dans les craintes continuelles où vit tout homme qui a une autorité, de perdre cette autorité chérie et précieuse qui est devenue son âme ?

— Hélas ! j’entrevois à peu près ce que vous