tout, même de bouillon, dit Racine au Roi, au grand Roi ! — Dryden à soixante-dix ans mourant de misère et cherchant dans l’astrologie une vaine consolation aux injustices humaines ; — Spenser errant à pied à travers l’Irlande, moins pauvre et moins désolée que lui, et mourant avec la Reine des fées dans sa tête, Rosalinda dans son cœur, et pas un morceau de pain sur les lèvres. — Que je voudrais pouvoir m’arrêter là !…
Vondel, ce vieux Shakespeare de la Hollande, mort de faim à quatre-vingt-dix ans, et dont le corps fut porté par quatorze poètes misérables et pieds nus ; — Samuel Royer, qui fut trouvé mort de froid dans un grenier ; — Butler, qui fit Hudibras et mourut de misère ; — Floyer, Sydenham et Rushworth chargés de chaînes comme des forçats ; — J.-J. Rousseau qui se tua pour ne pas vivre d’aumônes ; — Malfilâtre que la faim mit au tombeau, dit Gilbert à l’hôpital…
Et tous ceux encore dont les noms sont écrits dans le ciel de chaque nation et sur les registres de ses hôpitaux.
Supposez que Platon s’avance seul au milieu de tous, et lise à la céleste famille cette feuille de sa République que je vous ai citée. Pensez-vous