Un an environ après sa prison, une femme vint me demander de sa part un portrait. Elle avait attendu la fin du deuil de son mari pour me faire reprendre ce trésor. — Elle désirait ne pas me voir. — Je donnais la précieuse boîte de maroquin violet, et je ne la revis pas. — Tout cela était très bien, très pur, très délicat. — J’ai respecté ses volontés, et je respecterai toujours son souvenir charmant, car elle n’est plus.
Jamais aucun voyage ne lui fit quitter ce portrait, n’a-t-on dit ; jamais elle ne consentit à le laisser copier ; peut-être l’a-t-elle brisé en mourant, peut-être est-il resté dans un tiroir de secrétaire du vieux château, où les petits-enfants de la belle duchesse l’auront toujours pris pour un grand-oncle : c’est la destinée des portraits. Il ne font battre qu’un seul cœur, et quand ce cœur ne bat plus, il faut les effacer.