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cheveux ; on nommait cela : Psyché ou Diane chasseresse, et c’était fort de mode.

En se moments de repos ou de langueur, mademoiselle de Coulanges avait des yeux d’une douceur incomparable ! Ils étaient tous les deux aussi beaux l’un que l’autre, quoi qu’en ait dit M. l’abbé de Voisenon dans des Mémoires inédits venus à ma connaissance : M. l’abbé n’a pas eu honte de soutenir que l’œil droit était un peu plus haut que l’œil gauche, et il a fait là-dessus deux madrigaux fort malicieux, vertement relevés, il est vrai, par M. le premier président. Mais il est temps, dans ce siècle de justice et de bonne foi, de montrer la vérité dans toute sa pureté, et de réparer le mal qu’une basse envie avait fait. Oui, mademoiselle de Coulanges avait deux yeux, et deux yeux parfaitement égaux en douceur ; ils étaient fendus en amande, et bordés de paupières blondes très longues ; ces paupières formaient une petite ombre sur ses joues ; ses joues étaient roses sans rouge ; ses lèvres étaient rouges sans corail ; son cou était blanc et bleu, sans bleu et sans blanc ; sa taille, faite en guêpe, était à tenir dans la main d’une fille de douze ans, et son corps d’acier n’était