Page:Vigny - Stello ou Les diables bleus, 1832.djvu/315

Cette page n’a pas encore été corrigée

et imposent, elles ne sont pas facilement découvertes, leur masque est épais, mais elles sont.

Et que faut-il pour les donner ? Un rien, un petit déplacement imprévu dans la position d’un rêveur trop précoce.

Prenez au hasard, au fond d’un collège, quelque grand jeune homme de dix-huit à dix-neuf ans, tout plein de ses Spartiates et de ses Romains délayés dans de vieilles phrases, tout roide de son Droit ancien et de son Droit moderne ; ne connaissant du monde actuel et de ses mœurs que ses camarades et leurs mœurs ; bien irrité de voir passer des voitures où il ne monte pas ; méprisant les femmes parce qu’il ne connaît que les plus viles, et confondant les faiblesses de l’amour tendre et élégant avec les dévergondages crapuleux de la rue ; jugeant tout un corps d’après un membre, tout un sexe d’après un être, et s’étudiant à former dans sa tête quelque synthèse universelle bonne à faire de lui un sage profond pour toute sa vie ; prenez-le dans ce moment et faites-lui cadeau d’une petite guillotine en lui disant :

« Mon petit ami, voici un instrument au