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« Les tyrans, poursuivit-il d’une voix aigre et criarde, les tyrans ne peuvent supposer la liberté nulle part. C’est une chose humiliante pour l’humanité. Voyez cette expression répétée à chaque page. Quelle affectation ! »

Et il jeta devant moi la gazette.

« Voyez, continua-t-il en me montrant du doigt le mot indiqué, voyez : Robespierre’s Army. Robespierre’s troops ! Comme si j’avais des armées ! comme si j’étais roi, moi ! comme si la France était Robespierre ! comme si tout venait de moi et retournait à moi ! Les troupes de Robespierre ! Quelle injustice ! Quelle calomnie ! Hein ? »

Puis, reprenant sa tasse de camomille et relevant ses lunettes vertes pour m’observer en dessous :

« J’espère qu’ici on ne se sert jamais de ces incroyables expressions ? Vous ne les avez jamais entendues, n’est-ce pas ? — Cela se dit-il dans la rue ? — Non ! c’est Pitt lui-même qui dicte