Page:Vigny - Stello ou Les diables bleus, 1832.djvu/30

Cette page n’a pas encore été corrigée

tournant le dos à la fenêtre ; tous deux en grande toilette des pieds à la tête ; lui en talons rouges et bas de soie, elle en souliers à talons et bas brodés en or ; lui en habit de velours bleu de ciel, elle en paniers sous une robe damassée rose ; lui poudré et frisé, elle frisée et poudrée, lui tenant un livre à la main et dormant, elle tenant un livre et bâillant.

(Ici Stello fut honteux d’être couché sur son canapé, et se tint assis.)

Le soleil entrait de toutes parts dans la chambre, car il n’était que trois heures de l’après-midi, et ses larges rayons étaient bleus, parce qu’ils traversaient de grands rideaux de soie de cette couleur. Il y avait quatre fenêtres très hautes et quatre rayons très longs ; chacun de ces rayons formait comme une échelle de Jacob dans laquelle tourbillonnaient des grains de poussière dorée, qui ressemblaient à des myriades d’esprits célestes montant et descendant avec une rapidité incalculable, sans que le moindre courant d’air se fît sentir dans l’appartement le mieux tapissé et le mieux rembourré qui fût jamais. La plus haute pointe de l’échelle de chaque rayon