Page:Vigny - Stello ou Les diables bleus, 1832.djvu/248

Cette page n’a pas encore été corrigée

Et du miel le plus doux que sa bouche respire
Un autre s’enivrer.


Comme j’approchais minutieusement les yeux de l’écriture, y portant aussi la main, je sentis sur mon épaule une main qui n’était point pesante. Je me retournai : c’était la gracieuse prisonnière, le visage encore humide, les joues moites, les lèvres humectées, mais ne pleurant plus. Elle venait à moi et je sentis, à je ne sais quoi, que c’était pour s’arracher du cœur quelque chose de difficile à dire et que je n’y avais pas voulu prendre.

Il y avait dans ses regards et sa tête penchée quelque chose de suppliant qui disait tout bas : « Mais interrogez-moi donc !

— Eh bien, quoi ? lui dis-je tout haut en détournant la tête seulement.

— N’effacez pas cette écriture-là, dit-elle d’une voix douce et presque musicale, en se penchant tout à fait sur mon épaule. Il était dans cette cellule ; on l’a transféré dans une autre chambre, dans l’autre cour. M. de Chénier est tout à fait de nos amis, et je suis bien