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avec lenteur et satisfaction ses citations ; la flèche normande heurte la cotte de mailles saxonne. C’est le sire de Châtillon qui attaque le earl Aldhelme ; le sire de Torcy tue Hengist. La France inonde la vieille île saxonne ; la face de l’île est renouvelée, sa langue changée ; et il ne reste que dans quelques vieux couvents quelques vieux moines, comme Turgot et, depuis, Rowley, pour gémir et prier auprès des statues de pierre des saints rois saxons, qui portent chacun une petite église dans leur main.

— Et quelle érudition ! s’écria le Docteur. Il a fallu joindre les lectures françaises aux traditions saxonnes. Que d’historiens depuis Hue de Longueville jusqu’au sire de Saint-Valery ! Le vidame de Patay, le seigneur de Picquigny, Guillaume des Moulins, que Stowe appelle Moulinous, et le prétendu Rowley, du Mouline ; et le bon sire de Sanceaulx, et le vaillant sénéchal de Torcy, et le sire de Tancarville, et tous nos vieux faiseurs de chroniques et d’histoires mal rimées, balladées et versiculées ! C’est le monde d’Ivanhœ.

— Ah ! soupirait Stello, qu’il est rare qu’une