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Stello. Oh ! assez ! N’ajoutez rien à cela. Je la vois tout entière dans ce seul mot : Il est parti ! Ah ! silencieuse Anglaise, c’est bien tout ce que vous avez dû dire ! Oui, je vous entends ; vous lui aviez donné asile, vous ne lui faisiez jamais sentir qu’il était chez vous ; vous lisiez respectueusement ses vers, et vous ne vous permettiez jamais un compliment audacieux ; vous ne lui laissiez voir qu’ils étaient beaux, à vos yeux, que par votre soin à les apprendre à vos enfants avec leur prière du soir. Peut-être hasardiez-vous un timide trait de crayon en marge des adieux de Birtha à son ami ; une croix, presque imperceptible et facile à effacer, au-dessus du vers qui renferme la tombe du roi Harold ; et, si une de vos larmes a enlevé une lettre du précieux manuscrit, vous avez cru sincèrement y avoir fait une tache, et vous avez cherché à la faire disparaître. Et il est parti ! Pauvre Kitty ! L’ingrat, he is gone !

— Bien ! très bien ! dit le Docteur, il n’y a qu’à vous lâcher la bride ; vous m’épargnez bien des paroles vaines, et vous devinez très juste. Mais qu’avais-je besoin de vous donner d’aussi inutiles