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CHAPITRE VIII

LE CORPS-DE-GARDE RUSSE


« Est-il possible ? dis-je en frappant du pied. Quand j’entends de pareils récits, je m’applaudis de ce que l’officier est mort en moi depuis plusieurs années. Il n’y reste plus que l’écrivain solitaire et indépendant qui regarde ce que va devenir sa liberté et ne veut pas la défendre contre ses anciens amis. »

Et je crus trouver dans le capitaine Renaud des traces d’indignation, au souvenir de ce qu’il me racontait ; mais il souriait avec douceur et d’un air content.

— C’était tout simple, reprit-il. Ce colonel était le plus brave homme du monde ; mais il y a des gens qui sont, comme dit le mot célèbre, des

fanfarons de crimes et de dureté. Il voulait me maltraiter parce que

l’Empereur en avait donné l’exemple. Grosse flatterie de corps de garde.