Page:Vigny - Servitude et grandeur militaires, 1885.djvu/174

Cette page n’a pas encore été corrigée

reprise pour la France, et lui ont encore conquis des citadelles. Partout même habitude de se donner corps et âme, même besoin de se dévouer, même désir de porter et d’exercer quelque part l’art de bien souffrir et de bien mourir.

Mais partout se sont trouvés à plaindre ceux qui n’ont pas eu à combattre là où ils se trouvaient jetés. Le combat est la vie de l’armée. Où il commence, le rêve devient réalité, la science devient gloire, et la Servitude service. La guerre console par son éclat des peines inouïes que la léthargie de la paix cause aux esclaves de l’Armée ; mais, je le répète, ce n’est pas dans les combats que sont ses plus pures grandeurs. Je parlerai de vous souvent aux autres ; mais je veux une fois, avant de fermer ce livre, vous parler de vous-mêmes, et d’une vie et d’une mort qui eurent à mes yeux un grand caractère de force et de candeur.