Comme j’allais me retirer, je m’arrêtai, la main
sur la clef de sa porte, écoutant avec étonnement
une musique assez rapprochée et venue du
château même. Entendue de la fenêtre, elle nous
sembla formée de deux voix d’hommes, d’une
voix de femme et d’un piano. C’était pour moi
une douce surprise, à cette heure de la nuit. Je
proposai à mon camarade de l’aller écouter de
plus près. Le petit pont-levis, parallèle au grand,
et destiné à laisser passer le gouverneur et les
officiers pendant une partie de la nuit, était
ouvert encore. Nous rentrâmes dans le fort, et, en
rôdant par les cours, nous fûmes guidés par le
son jusque sous les fenêtres ouvertes que je
reconnus pour celles du bon vieux Adjudant
d’artillerie.
Ces grandes fenêtres étaient au rez-de-chaussée, et, nous arrêtant en face, nous découvrîmes jus-