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Chez qui dans ses périls il s’était retiré[1].
C’était Marthe et Marie ; or, Marie était celle[2]
Qui versa les parfums et fit blâmer son zèle[3].
Tous s’affligeaient ; Jésus disait en vain : Il dort[4].
Et lui-même en voyant le linceul et le mort[5],
Il pleura[6]. — Larme sainte à l’amitié donnée,
Oh ! vous ne fûtes point aux vents abandonnée !
Des Séraphins penchés l’urne de diamant.
Invisible aux mortels, vous reçut mollement.
Et comme une merveille, au Ciel même étonnante,
Aux pieds de l’Eternel vous porta rayonnante[7].
- ↑ Luc, X, 58-39 : Jésus, étant en chemin avec ses disciples, entra dans un bourg, et une femme nommée Marthe le reçut en sa maison. Elle avait une sœur nommée Marie…
- ↑ Var : M, et (corr. : or) Marie D, C’étaient Marthe et Marie ;
- ↑ Jean, XI, 2 : Cette Marie était celle qui répandit sur le Seigneur une huile de parfum ; et XII, 4-5 : Alors un de ses disciples, nommé Judas Iscariote, celui qui devait le trahir, commença de dire : Pourquoi n’a-t-on pas vendu ce parfum trois cents deniers, qu’on aurait donnés aux pauvres ? — Voir aussi Matth. XXVI, 6-9.
- ↑ Var : M, 1er main, Elles pleuraient : en vain Jésus disait : il dort. 2e main, texte actuel.
- ↑ Var : M, 1er main, Mais lui, quand le sépulcre ouvert montra le mort, 2e main, Et lui-même ayant vu la dépouille du mort, 3e main, texte actuel.
- ↑ Jean, XI, 11 : Après leur avoir dit ces paroles, il ajouta : Notre ami Lazare dort… — XI, 33-35 : Jésus, voyant qu’elle (Marie) pleurait, et que les Juifs qui étaient venus avec elle pleuraient aussi, frémit en esprit et se troubla lui-même. Puis il leur dit : Où l’avez-vous mis ? Ils lui répondirent : Seigneur, venez et voyez. Alors Jésus pleura.
- ↑ Vigny parait s’inspirer ici de la légende de la Sainte Larme de Vendôme. On la trouvera tout au long dans la Cosmographie Universelle de Fr. de Belle-Forest, Paris, 1575 ; t. I, p. 322. « Lorsque nostre Seigneur resuscita le Lazare, et qu’il ploura, un Ange recueillit cette larme d’un grand nombre qui ruisseloyent des yeux du Sauveur, formant soudain un vase qui à dire vray est de merveilleux artifice, et le dehors duquel est blanc et aussi transparent que chrystal ; et la sainte Larme (qui tousjours tremblote dans ce petit vaisseau) est de couleur d’eau et azurée : je vous en parle comme sçavant, qui ay pris soigneuse garde à la contempler à mon aise. » Toujours d’après Belle-Forest,