[1829. — Troisième édition]
[1].
SUR LA TROISIÈME ÉDITION
Ces poèmes viennent d’être réimprimés, et voilà qu’on les imprime encore peu de jours après. Lorsqu’ils parurent il y a neuf ans[2], ils furent presque inaperçus du public.
Tout cela devait être. Les choses se sont bien passées. De part et d’autre on peut être content. Chaque idée a son heure.
C’est bien peu de chose qu’un livre comme celui-ci ; mais s’il plaît aujourd’hui, c’est qu’alors il étonna ; c’est peut-être qu’il prévenait un désir de l’esprit général, et qu’en le prévenant il acheva de le développer ; c’est qu’une goutte d’eau est remarquée lorsqu’elle jaillit au delà d’une mer ou d’un torrent, une étincelle lorsqu’elle dépasse les flammes d’un grand foyer.
Si ce n’était appliquer de trop vastes idées à un humble sujet, on pourrait dire encore que la marche de l’humanité dans la région des pensées ressemble à celle d’une grande armée dans le désert. D’abord la multitude s’avance et n’aperçoit ni ses éclaireurs perdus en avant
- ↑ En tête de cette troisième édition, immédiatement avant le morceau ci-dessous, se trouve reproduite, sans aucun changement, la préface de la deuxième édition, sous ce titre : Préface de la deuxième édition. Mai 1829.
- ↑ Inadvertance d’Alfred de Vigny. En 1829, il y avait non pas neuf ans, mais seulement sept qu’avaient paru les premiers Poèmes (1822).