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LES DESTINÉES.


Il se fit un silence, et la terre affaissée
S’arrêta comme fait la barque sans rameurs
Sur les flots orageux, dans la nuit balancée.

Une voix descendit, venant de ces hauteurs
Où s’engendrent sans fin les mondes dans l’espace ;
Cette voix, de la terre emplit les profondeurs :

« Retournez en mon nom, Reines, je suis la Grâce.
« L’homme sera toujours un nageur incertain
« Dans les ondes du temps qui se mesure et passe.

« Vous toucherez son front, ô filles du Destin !
« Son bras ouvrira l’eau, qu’elle soit haute ou basse,
« Voulant trouver sa place et deviner sa fin.