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Sans détourner les yeux, sans même être étonnées
En passant sous la porte où tout espoir se perd.
À voir leur front si calme, on croirait qu’elles savent
Que leurs ans, jour par jour, par avance se gravent
Sur un livre éternel devant le Czar ouvert.

XX

Quel signe formidable a-t-il au front, cet homme ?
Qui donc ferma son cœur des trois cercles de fer
Dont s’étaient cuirassés les empereurs de Rome
Contre les cris de l’âme et les cris de la chair ?
Croit-on parmi vos serfs qu’à la fin il se lasse
De semer les martyrs sur la neige et la glace,
D’entasser les damnés dans un terrestre enfer ?