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Comme pour les agneaux, la brebis et le mâle
Sont parqués à la fois par le mauvais pasteur.
La mère eût bien voulu qu’on leur apprît à lire,
Puisqu’ils portaient le nom des princes de l’empire
Et n’ont rien fait encor qui blesse l’Empereur.

XI

Un jour de fête on a demandé cette grâce
Au Czar toujours affable et clément souverain,
Lorsqu’au front des soldats seul il passe et repasse.
Après dix ans d’attente il répondit enfin :
« Un esclave a besoin d’un marteau, non d’un livre ;
La lecture est fatale à ceux-là qui, pour vivre,
Doivent avoir bon bras pour gagner un bon pain. »