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LES DESTINÉES.

Sont de vils accidents en un cercle fatal,
Ou si de l’univers ils sont les deux grands pôles,
Soutenant terre et cieux sur leurs vastes épaules ;
Et pourquoi les Esprits du mal sont triomphants
Des maux immérités de la mort des enfants ;
Et si les Nations sont des femmes guidées
Par les étoiles d’or des divines idées,
Ou de folles enfants sans lampes dans la nuit,
Se heurtant et pleurant et que rien ne conduit ;
Et si, lorsque des temps l’horloge périssable
Aura jusqu’au dernier versé ses grains de sable,
Un regard de vos yeux, un cri de votre voix,
Un soupir de mon cœur, un signe de ma croix,
Pourra faire ouvrir l’ongle aux Peines éternelles,
Lâcher leur proie humaine et reployer leurs ailes ;