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LES DESTINÉES.

Qui l’entoure à grands plis, drap lugubre et fatal,
Que d’un bout tient le Doute et de l’autre le Mal.


Mal et Doute ! En un mot je puis les mettre en poudre.
Vous les aviez prévus, laissez-moi vous absoudre
De les avoir permis. — C’est l’accusation
Qui pèse de partout sur la création ! —
Sur son tombeau désert faisons monter Lazare.
Du grand secret des morts qu’il ne soit plus avare,
Et de ce qu’il a vu donnons-lui souvenir ;
Qu’il parle. — Ce qui dure et ce qui doit finir,
Ce qu’a mis le Seigneur au cœur de la Nature,
Ce qu’elle prend et donne à toute créature,
Quels sont avec le ciel ses muets entretiens,
Son amour ineffable et ses chastes liens ;