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JOURNAL D’UN POÈTE

1830


mardi 27 juillet 1830. — Aujourd’hui commencent les soulèvements populaires. — Les ordonnances du 25 en sont la cause. — Le roi va à Compiègne et laisse les ministres faire feu sur le peuple. — On l’entend pendant que j’écris. — Je me sens heureux d’avoir quitté l’armée ; treize ans de services mal récompensés m’ont acquitté envers les Bourbons. — Dès l’avènement de Charles X, j’avais prédit qu’il tenterait d’arriver au gouvernement absolu. — Il hait la Charte et ne la comprend pas. Les vieilles femmes de la cour et les favoris le gouvernent. — Il est arrivé à mettre M. de Polignac au ministère et veut l’y maintenir malgré tout. — Il s’est cru insulté par le renvoi des deux cent vingt et un à la Chambre ; il croit pouvoir faire le Bonaparte : Bonaparte était debout derrière ses canons à Saint-Roch. Charles X est à Compiègne. Il a dit : « Mon frère a tout cédé, il est tombé ; je résisterai et ne tomberai pas. » Il se trompe. Louis XVI est tombé à gauche et Charles X à droite. C’est toute la différence.