Page:Vigny - Journal d’un poète, éd. Ratisbonne, 1867.djvu/147

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
137
JOURNAL D’UN POÈTE

Shakspeare, qui est une langue aussi. Le cœur de Shakspeare est un langage à part.

DE LA COMPARAISON. — Les hommes du plus grand génie ne sont guère que ceux qui ont eu dans l’expression les plus justes comparaisons. Pauvres faibles que nous sommes, perdus par le torrent des pensées et nous accrochant à toutes les branches pour prendre quelques points dans le vide qui nous enveloppe !

Le temps ôte tant d’à-propos, de grâce, de grandeur à tous les livres, que l’on est tenté de croire qu’ils sont comme les pièces de théâtre, bons surtout pour le moment même où ils sont produits.

PORTRAITS DE FAMILLE. — Je cherche inutilement à rien inventer d’aussi beau que les caractères dont ma famille me fournit les exemples. — M. de Baraudin, son fils, ma mère et ma tante.
J’écrirai leur histoire, leurs mémoires plutôt, et je les ferai admirer comme ils le méritent.