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JOURNAL D’UN POÈTE

31 DÉCEMBRE, — L’année dernière, à pareille heure, j’attendais avec ma mère l’heure de minuit, où l’aiguille noire de sa pendule sauta du 31 au ler ; alors, je l’embrassai en lui disant : « Bonne année ! » J’étais à genoux à ses pieds et je pensais bien qu’elle aurait la force de vivre toute cette année. Mon Dieu ! vous n’avez pas permis qu’elle me restât jusqu’au dernier jour et vous l’avez enlevée dans mes bras ! Mon Dieu ! si les épreuves sont une épuration à vos yeux, recevez-la et qu’elle prie à son tour pour son fils, son pauvre fils qu’elle a nommé en mourant !