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ALFRED DE VIGNY

J’aime l'humanité. J’ai pitié d’elle. La nature est pour moi une décoration dont la durée est insolente, et sur laquelle est jetée cette passagère et sublime marionnette appelée l’homme[1].
L’Angleterre a cela de bon qu’on y sent partout la main de l’homme.
Tant mieux. Partout ailleurs, la nature stupide nous insulte assez.

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L’indépendance fut toujours mon désir et la dépendance ma destinée.

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Le cœur a la forme d’une urne. C’est un vase sacré tout rempli de secrets.

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Le mot de la langue le plus difficile à prononcer et à placer convenablement, c’est moi.

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Notre littérature ne jette souvent que des cris de malade, comme Volupté, Dernières Paroles, etc., etc.

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  1. Le poëte devait développer plus tard cette idée en vers admirables dans le poëme des DESTINEES: La Maison du berger. (L. R)