Nous ne la verrons plus, au pied du Parthénon,
Invoquer Athénée, en répétant son nom ;
Et, d’une main timide, à nos rites fidèle,
Ses longs cheveux dorés couronnés d’asphodèle,
Consacrer ou le voile, ou le vase d’argent,
Ou la pourpre attachée au fuseau diligent.
Ô vierge de Lesbos ! que ton île abhorrée
S’engloutisse dans l’onde à jamais ignorée,
Avant que ton navire ait pu toucher ses bords !
Qu’y vas-tu faire ? hélas ! quel palais, quels trésors
Te vaudront notre amour ! Vierge, qu’y vas-tu faire ?
N’es-tu pas, Lesbienne, à Lesbos étrangère ?
Athène a vu long-temps s’accroître ta beauté ;
Et depuis que trois fois t’éclaira son été,
Ton front s’est élevé jusqu’au front de ta mère ;
Ici, loin des chagrins de ton enfance amère,
Les Muses t’ont souri. Les doux chants de ta voix
Sont nés Athéniens ; c’est ici, sous nos bois,
Que l’amour t’enseigna le joug que tu m’imposes ;
Pour toi, mon seuil joyeux s’est revêtu de roses.
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