Quand la vive hirondelle est enfin réveillée,
Elle sort de l’étang, encor toute mouillée,
Et, se montrant au jour avec un cri joyeux,
Au charme d’un beau ciel, craintive, ouvre les yeux ;
Puis, sur le pâle saule, avec lenteur voltige,
Interroge avec soin le bouton et la tige ;
Et sûre du printemps, alors, et de l’amour,
Par des cris triomphans célèbre leur retour.
Elle chante sa joie aux rochers, aux campagnes,
Et, du fond des roseaux excitant ses compagnes :
Venez ! dit-elle ; allons ! paraissez, il est temps !
Car voici la chaleur et voici le printemps.
Ainsi, quand je te vois, ô modeste bergère !
Fouler de tes pieds nus la riante fougère,
J’appelle, autour de moi, les pâtres nonchalants
À quitter le gazon, selon mes vœux, trop lents ;
Et crie en te suivant dans ta course rebelle :
Venez ! ô venez voir comme Glicère est belle !
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bathylle.