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Mais la flamme bientôt, pure et belle, s’élance,
Et sur les morts cachés brille et monte en silence.



Cependant, vers le soir, les combats apaisés
Livrèrent toute Athène aux vainqueurs reposés.
Après l’effroi d’un jour que la flamme et les armes
Avaient rempli de sang et de bruit et d’alarmes,
Sur les murs dévastés, sur les toits endormis,
Le lune promenait l’or de ses feux amis.
Athène sommeillait ; mais des clartés errantes,
Puis, dans l’ombre, des cris soudains, des voix mourantes,
De quelques fugitifs venaient glacer les cœurs ;
Ils craignaient les vaincus non moins que les vainqueurs :
Ils étaient Juifs. Surtout en haut de la colline
Que du vieux Parthenon couronne la ruine,
Dans ses piliers moussus, ses anguleux débris,
Ils avaient cru trouver de plus secrets abris.
Comme l’humble araignée et sa frêle tenture,
Des lambris d’un palais dérobent la sculpture,