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Si la mort frappe le fidèle,
Quittant son paradis vermeil
Et déployant l’or de son aile,
La Péri[1] viendra du soleil.
Ses chants le berceront de joie,
Ses doigts ont travaillé la soie
Où le brave doit reposer ;
L’entourant d’une écharpe verte,
Sa bouche de rose entr’ouverte
L’accueillera par un baiser.

Qui puisera les eaux sacrées
Dans la fontaine de Cafour[2],
Où les houris désaltérées
Chancellent et tombent d’amour ?
Leurs yeux doux, qu’un cil noir protège,
Vous regardent : leurs bras de neige
Applaudiront au combattant ;
Et dans des coupes d’émeraude

  1. Ange féminin chez les Mahométans ; il vit dans le Soleil et parmi les Astres (Alkoran).
  2. Fontaine du Paradis turc : elle roule des pierreries (Alkoran).