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Tombe, et lui sert de coupe à ce même festin
Qu’avait, pour le traité, préparé le matin.
En de telles horreurs Athène était plongée,
Et tant de cris sortaient d’une foule égorgée,
Que, si j’osais conter d’une imprudente voix
Ces attentats, un jour le repentir des rois,
Le guerrier briserait son impuissante épée
Dans son élan vengeur par le devoir trompée ;
La mère, des chrétiens accusant la lenteur,
Regardant vers le seuil, sur un sein protecteur
Presserait son enfant ; et la vierge innocente
Cacherait dans ses mains sa tête rougissante.
Au bruit de la timbale et des clairons d’airain
Les coursiers se cabrant font résonner le frein ;
Leurs fronts jettent l’écume et leurs pieds la poussière,
Du sultan de Stamboul élevant la bannière
Le Pacha vient, on part. Les Spahis en marchant
Règlent leur pas sonore aux mots sacrés du chant :


Allah prépare leur défaite ;
Priez, chantez : Dieu seul est Dieu,

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