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Des îles du couchant, dont l’aspect sérieux
S’oppose au doux sourire et des eaux et des cieux.
« Ô faites-moi mourir ou donnez-moi des ailes !
« Criait-il ; aux dangers nous serons infidèles :
« Le sang versé peut-être accuse ce retard,
« L’ancre de nos vaisseaux se lèvera trop tard. »
Ainsi disait sa voix ; mais une voix sacrée
Ajoutait dans son cœur : « Attends, vierge adorée,
« Héléna, mon espoir, avant que le soleil
« Des portiques d’Athène ait doré le réveil,
« Avant qu’au Minaret, des profanes prières,
« L’Iman ait par trois fois annoncé les dernières,
« Ma main qui sur ta main ressaisira ses droits,
« Sur le seuil de ta porte aura planté la Croix.
« Suspends de tes beaux yeux les larmes répandues
« Et tes dévotes nuits à prier assidues :
« C’est à moi de veiller sur tes jours précieux,
« De conquérir ta main et la faveur des Cieux.
« Bientôt lorsque la paix couronnant notre épée
« Rajeunira les champs de la Grèce usurpée,
« Quand nos bras affranchis sauront tous appuyer
« La sainteté des mœurs et l’honneur du foyer,