Page:Vigny - Héléna, 1822.djvu/23

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


HÉLÉNA.

Séparateur


Au cœur privé d’amour, c’est bien peu que la gloire.
Si de quelque bonheur rayonne la victoire,
Soit pour les grands guerriers, soit à ceux dont la voix
Éclaire les mortels ou leur dicte des lois,
N’est-ce point qu’en secret, chaque pas de leur vie
Retentit dans une âme invisible et ravie
Comme au sein d’un écho qui des sons éclatants
S’empare en sa retraite et les redit longtemps ?
Ainsi des chevaliers la race simple et brave
Au servage d’amour rangeait sa gloire esclave ;
Ainsi de la beauté les secrètes faveurs
Élevèrent aux Cieux les poètes rêveurs ;