Interrompant sa voix, tombaient sur le saint livre ;
Et, lorsque la douleur l’empêchait de poursuivre,
Sa main jetait alors l’eau du rameau béni.
Sur celui qui du Ciel peut-être était banni.
Et puis, sans se lasser, il reprenait encore
De sa voix qui tremblait dans la prison sonore,
Le dernier chant de paix ; il disait : « Ô Seigneur[1] !
« Ne brisez pas mon âme avec votre fureur ;
« Ne m’enveloppez pas dans la mort de l’impie[2]. »
Il ajoutait aussi : « Quand le méchant m’épie,
« Me ferez-vous tomber’, Seigneur, entre ses mains[3] ?
« C’est lui qui sous mes pas a rompu vos chemins ;
« Ne me châtiez point, car mon crime est son crime.
« J’ai crié vers le Ciel du plus profond abîme[4].
« Ô mon Dieu ! tirez-moi du milieu des méchans ! »
Lorsqu’un rayon du jour eut mis fin à ses chants,
Il entendit monter vers les noires retraites,’
Et des voix résonner dans ces voûtes secrètes.
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