Page:Vigny - Héléna, 1822.djvu/13

Cette page a été validée par deux contributeurs.

L’écarlate des Grecs sur leur front s’arrondit.
Tels, quand la sainte messe à nos autels se dit,
Tous les enfants du chœur, d’une pourpre innocente
Ont coutume d’orner leur tête adolescente.
Mais à des fronts guerriers ce signe est attaché :
Lequel osera fuir ou demeurer caché ?
Une cire enflammée en leurs mains brille et fume ;
Comme d’un incendie au loin l’air s’en allume ;
Le sable de la mer montre son flanc doré,
Et sur le haut des monts le cèdre est éclairé,
Le flot rougit lui-même, et ses glissantes lames,
Ont répété de l’île et balancé les flammes.
La foule est sur les bords, son espoir curieux
Sur la vague agitée en vain jetait les yeux,
Quand, sous un souffle ami, poursuivant son vol sombre,
Un navire insurgé tout à coup sort de l’ombre.
Un étendard de sang claque à ses légers mâts,
D’armes et de guerriers un éclatant amas
Surchargent ses trois ponts ; l’airain qu’emplit la poudre
Par les sabords béants fait retentir sa foudre.
Des cris l’ont accueilli, des cris ont répondu ;
De Riga, massacré, l’hymne s’est entendu,