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Il dit, écrit ces mots, les consume, et leur cendre
Paraît, avec la mort, au fond des eaux descendre ;
Puis, il offre la coupe : un bras mal assuré
La reçoit ; on se tait : « Par ce vase épuré,
« Dit l’épouse, mon cœur… » De poursuivre incapable.
« Grâce ! dit-elle enfin ; grâce ! je suis coupable ! »
La foule la saisit. Son époux furieux
S’éloigne avec les siens, en détournent les yeux,
Et du sang de l’amant sa colère altérée,
Laisse au peuple vengeur l’adultère livrée.



Tout Juda, cependant, aux fêtes introduit,
Vers le temple, en courant, se pressait à grand bruit.
Les vieillards, les enfans, les femmes affligées,
Dans les longs repentirs et les larmes plongées,
Et celles que frappait un mal secret et lent,
Et l’aveugle aux longs, cris, et le boîteux tremblant,
Et le lépreux impur, le dégoût de la terre,
Tous, de leurs maux guéris racontant le mystère,